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souvenirs d’une actrice.

matoire qu’elle ne quittait pas même dans la vie privée. Elle recevait souvent du monde dans sa maison de la Cour-des-Fontaines. Comme Monvel en occupait un étage, c’est chez lui que j’ai vu plus intimement mademoiselle Sainval ; elle était tellement préoccupée du sentiment de sa laideur, qu’elle portait un voile épais et ne le soulevait que jusqu’à la bouche, se tenant de préférence dans l’endroit le plus obscur de l’appartement. Cependant elle allait dans le monde ; elle y portait son originalité et son voile, sous prétexte que le jour ou la lumière lui fatiguait les yeux. Elle n’en était pas moins fort recherchée comme une personne d’un mérite supérieur. Les étrangers, et particulièrement les Russes, en faisaient le plus grand cas. Le prince Baratinsky l’avait connue lorsqu’il était ambassadeur en France, et dans les plus beaux jours de son talent ; il en avait souvent parlé à sa fille, la princesse Dolgourouky. Lorsqu’elle vint à Paris pendant la paix d’Amiens, il s’empressa d’inviter cette actrice célèbre, et lui fit l’accueil le plus distingué. C’est mademoiselle Sainval qui m’avait présentée chez la