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souvenirs d’une actrice.

princesse, qui recherchait les chanteuses et en général tous les artistes avec empressement. Mademoiselle Sainval y disait souvent des scènes avec une extrême complaisance, et nous nous faisions un plaisir de lui donner les répliques.

Mademoiselle Sainval cadette était loin d’être jolie, mais cependant moins laide que sa sœur. Je ne lui ai jamais vu jouer que le rôle de la comtesse, du Mariage de Figaro ; on dit qu’elle était admirable de sensibilité et d’âme dans les jeunes princesses, mais surtout dans les Iphigénies. Sa physionomie était expressive ; elle avait de la dignité, quoique petite, maigre et noire.

Elle fit un voyage en Russie au commencement du règne de l’empereur Alexandre. Elle y fut accueillie d’après sa réputation, comme tous les artistes de talent l’ont toujours été dans ce pays. On fit arranger pour elle un théâtre au palais de la Tauride ; elle y joua Iphigénie en Tauride.

Dix ans plus tôt, ce voyage lui eût mieux réussi. Cette jeune cour l’applaudit, par égard pour ce qu’elle montrait encore avoir été, mais on la trouva