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souvenirs d’une actrice.

de me charger des lettres qu’ils n’osent plus confier à la grande poste.

« Lorsque je passe sur la place, ma voiture est aussitôt entourée de tous ces brillants uniformes ; ces messieurs me nomment leur providence, et j’ai des succès nombreux ; mais, comme il y a toujours compensation dans la vie, au bien comme au mal, l’on m’assure que cela pourrait bien me faire siffler, à Lille par quelques chevaliers discourtois. L’on n’est pas extrêmement d’accord des deux côtés de la frontière, et je vois ici des cocardes blanches que je suis tout étonnée de trouver tricolores à Lille quelques jours après. Enfin, arrive ce qui pourra : pourquoi ne pas rendre service quand on le peut ? Vous savez d’ailleurs que la prudence n’est pas mon fort en toute occasion, et, lorsqu’il s’agit d’obliger, je ne la consulte jamais.

« En terminant cette dernière phrase, je ne m’attendais pas que ma prudence et mon obligeance fussent sitôt mises à l’épreuve pour une chose très grave, je vous prie de le croire. Si j’avais consulté mes amis, je suis persuadée qu’on m’en aurait dé-