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souvenirs d’une actrice.

— Mais, lui dis-je timidement, il me semble que nous nous éloignons beaucoup du chemin et que cela nous fera faire un long détour.

— Oh ! nenni, nous prendrons par les traverses.

À cette époque, nous ne lisions que les romans d’Anne Radcliffe, et les mélodrames de l’Ambigu étaient pleins de voleurs et d’assassins, d’auberges au milieu des forêts, et dans lesquelles la servante montrait au public des objets ensanglantés ; on n’y voyait que trappes sous les lits, des brigands aux manches retroussées, à la barbe noire, et dont la ceinture était garnie de poignards et de pistolets. Ils n’étaient pas, comme Fra-Diavolo, couverts de manteaux du velours le plus beau. Certainement l’auberge de la Bergère était bien la chose du monde la plus effrayante et la plus semblable à toutes les forêts périlleuses. Il n’y manquait que la petite servante qui sauve toujours le beau jeune homme ; quant à l’hôtesse, elle était fort peu gracieuse. Elle prit un mauvais bout de chandelle et me fit monter une espèce d’échelle qu’elle ap-