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Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice.djvu/41

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souvenirs d’une actrice.

sœur ; madame Diot l’aimait comme son enfant. Elles établirent un petit commerce de lingerie ; elles n’avaient pas même de magasin, et travaillaient chez elles.

Quoique ces dames vécussent fort retirées, elles apprirent cependant le changement de fortune arrivé dans la famille, et surent que ce grand hôtel qui faisait face à leur humble habitation, appartenait à un comte Dubarry[1].

Madame Diot résolut de le voir, bien qu’elle craignît que cette fortune subite ne l’empêchât de les avouer pour ses parentes, car elle connaissait assez le monde pour savoir que la pauvreté est rarement bien accueillie par la richesse. Argent sèche souvent le cœur. Elle cacha sa démarche à sa jeune sœur, dont le caractère noble et fier se serait révolté à cette pensée. Elle se présenta chez le comte Guillaume et lui demanda un entretien particulier. Ma-

  1. Il y avait dans la famille des Dubarry, comme dans toutes les familles nombreuses, ces parents éloignés qu’ils ne mentionnaient pas, et dont les filles en se mariant avaient changé de nom ; la plupart de ces collatéraux ne tardèrent pas à se montrer lorsque la puissance de la favorite fut conçue.