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souvenirs d’une actrice.

dame Diot avait un air ouvert et franc qui prévenait en sa faveur. Après s’être fait connaître, et voyant après un moment de conversation qu’elle avait affaire à un très bon parent, elle réclama son appui et le mit au fait de sa position.

« Ma pauvre sœur, lui dit-elle, que ma mère m’a confiée à son lit de mort, a reçu une éducation qui la met au-dessus de notre humble fortune. Elle a vécu dans l’aisance, et je souffre de la voir maintenant travailler tous les jours, et quelquefois bien avant dans la nuit, pour subvenir à notre existence. Elle me cache sa peine ; mais je vois souvent des larmes dans ses yeux et cela m’arrache le cœur. Si l’on pouvait la placer auprès de quelque jeune dame, son charmant caractère, ses manières aimables lui auraient bientôt assuré la bienveillance de ceux près desquels elle vivrait. Ce serait une grande douleur pour moi de me séparer d’elle ; mais enfin si c’était pour le bonheur de ma sœur je la supporterais avec courage. » Le comte fut touché de ce dévoûment et se sentit entraîné vers ses pauvres cousines. « Laissez-moi jusqu’à demain, dit-il à madame Diot, je