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souvenirs d’une actrice.

beau parc était un temple consacré aux Muses. On y donnait des soirées de musique ; il venait souvent à cet effet des chanteurs les plus célèbres de la capitale. Dans le lointain on apercevait une chapelle gothique ; et là, un abbé, espèce mécanique fort ingénieuse, s’avançait pour ouvrir la porte aux visiteurs. Tous les meubles de la maison avaient été fabriqués à Paris et transportés à grands frais. On avait placé dans un joli boudoir le portrait de la femme du comte. Elle était peinte dans une glace, étendue sur un canapé dont la répétition se trouvait devant ce miroir. Le comte Dubarry était déjà vieux lorsqu’il épousa une jeune demoiselle noble, sans fortune, mademoiselle de Montoussain. Mais elle habitait toujours Paris sous la protection de M. de Calonne, disait-on[1].

Lorsque le comte passait l’hiver à Toulouse, il y donnait de superbes bals. Un jour de carnaval, il pensa que vers une heure on aurait envie d’aller à celui du théâtre ; et avant que personne en eût

  1. C’était bien long-temps après la mort de Louis XV.