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LIVRE III. LA CITÉ.

CHAPITRE X.

LE MAGISTRAT.

La confusion de l’autorité politique et du sacerdoce dans le même personnage n’a pas cessé avec la royauté. La révolution qui a établi le régime républicain, n’a pas séparé des fonctions dont le mélange paraissait fort naturel et était alors la loi fondamentale de la société humaine. Le magistrat qui remplaça le roi, fut comme lui un prêtre en même temps qu’un chef politique.

Quelquefois ce magistrat annuel porta le titre sacré de roi[1]. Ailleurs le nom de prytane[2], qui lui fut conservé, indiqua sa principale fonction. Dans d’autres villes, le titre d’archonte prévalut. À Thèbes, par exemple, le premier magistrat fut appelé de ce nom ; mais ce que Plutarque dit de cette magistrature montre qu’elle différait peu d’un sacerdoce. Cet archonte, pendant le temps de sa charge, devait porter une couronne[3], comme il convenait à un prêtre ; la religion lui défendait de laisser croître ses cheveux et de porter aucun objet en fer sur sa personne, prescriptions qui le font ressembler un peu aux flamines romains. La ville de Platée avait aussi un archonte, et la religion de cette cité ordonnait que, pendant tout le cours de sa magistrature, il fût vêtu de blanc[4], c’est-à-dire de la couleur sacrée.

Les archontes athéniens, le jour de leur entrée en

  1. À Mégare, à Samothrace. Tite-Live, XLV, 5 ; Bœckh, Corp. inscr., 1032.
  2. Bœckh, 1845. Pindare, Ném., XI.
  3. Plutarque, Quest. rom., 40.
  4. Id., Aristide, 21.