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Cette révolution ne plut pas à tout le monde dans Rome. Beaucoup de plébéiens rejoignirent le roi et s’attachèrent à sa fortune. En revanche, un riche patricien de la Sabine, le chef puissant d’une gens nombreuse, le fier Attus Clausus trouva le nouveau gouvernement si conforme à ses vues qu’il vint s’établir à Rome.

Du reste, la royauté politique fut seule supprimée ; la royauté religieuse était sainte et devait durer. Aussi se hâta-t-on de nommer un roi, mais qui ne fut roi que pour les sacrifices, rex sacrorum. On prit toutes les précautions imaginables pour que ce roi-prêtre n’abusât jamais du grand prestige que ses fonctions lui donnaient pour s’emparer de l’autorité.


CHAPITRE IV.

L’aristocratie gouverne les cités.

La même révolution, sous des formes légèrement variées, s’était accomplie à Athènes, à Sparte, à Rome, dans toutes les cités enfin dont l’histoire nous est connue. Partout elle avait été l’œuvre de l’aristocratie, partout elle eut pour effet de supprimer la royauté politique en laissant subsister la royauté religieuse. À partir de cette époque et pendant une période dont la durée fut fort inégale pour les différentes villes, le gouvernement de la cité appartint à l’aristocratie.

Cette aristocratie était fondée sur la naissance et sur la religion à la fois. Elle avait son principe dans la constitution religieuse des familles. La source d’où elle dérivait, c’étaient ces mêmes règles que nous avons observées plus haut dans le culte domestique et dans le droit privé, c’est-à-dire la loi d’hérédité du foyer, le privilége de l’aîné, le droit de dire la prière attaché à la naissance. La religion héréditaire était le