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offre que la libation d’eau, sapindas s’il est de ceux à qui le gâteau est présenté[1]. À compter d’après nos usages, la parenté des sapindas irait jusqu’au septième degré, et celle des samanodacas jusqu’au quatorzième. Dans l’un et l’autre cas la parenté se reconnaît à ce qu’on fait l’offrande à un même ancêtre ; et l’on voit que dans ce système la parenté par les femmes ne peut pas être admise.

Il en était de même en Occident. On a beaucoup discuté sur ce que les jurisconsultes romains entendaient par l’agnation. Mais le problème devient facile à résoudre, dès que l’on rapproche l’agnation de la religion domestique. De même que la religion ne se transmettait que de mâle en mâle, de même il est attesté par tous les jurisconsultes anciens que deux hommes ne pouvaient être agnats entre eux que si, en remontant toujours de mâle en mâle, ils se trouvaient avoir des ancêtres communs.[2] La règle pour l’agnation était donc la même que pour le culte. Il y avait entre ces deux choses un rapport manifeste. L’agnation n’était autre chose que la parenté telle que la religion l’avait établie à l’origine.

Pour rendre cette vérité plus claire, traçons le tableau d’une famille romaine.

L. Cornelius Scipio, mort vers 250 avant Jésus-christ.
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Publius Scipio Cn. Scipio
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Luc. Scipio _____________________________________ |
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Luc. Scipio Asiaticus P. Scipio Africanus P. Scipio Nasica
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| P. Scipio ________________________ |
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Luc. Scipio Asiat. P. Scipio Cornélie
ép. de Sempr. Gracchus
P. Scip. Nasica
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Scip. Asiat. Scip. Æmilianus Tib. Sempr. Gracchus Scip. Serapio
  1. Lois de Manou, V, 60. Mitakchara, tr. Orianne, p. 213.
  2. Gaius, I, 156 ; III, 10. Ulpien, 26. Institutes de Justinien, III, 2 ; III, 5.