Page:Géhin - Gérardmer à travers les âges.djvu/203

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Les historiens ainsi que les archives de l’époque ont conservé nombre de faits, se rapportant aux iniques procédures intentées à de prétendus sorciers. Il y eut surtout un grand nombre de poursuites et même d’exécutions pour crime de vénéfice et sortilège, dans l’arrondissement de Saint-Dié[1]. Les montagnes de Gérardmer recélaient en quantité des carrefours et des plateaux hantés par les esprits de ténèbres, et jusqu’à nos jours il y a eu des habitants pour croire sincèrement aux jeteurs de sorts, aux sabbats, au sotré, aux fées et aux vulgaires sorciers.

En l’année 1618, ces croyances étaient générales, et les comptes de la prévôté d’Arches, pour cette année, font mention d’une somme de 130 francs,

Qui fut délivrée à la plus grande partie des habitants de Gérardmer assignés à ce d’estre ouys aux informations faites contre Odille, femme de Nicolas Perrin, Demenge son fils, Claudatte, vefve de Lambert, Demenge, Pierrat du dit lieu, qu’avaient esté accusés de sortilège et vénéfice par Marion, vefve d’Arnoult Coletat, prévenue et convaincue de même crime par sa propre confession, en laquelle elle aurait persévéré pendant la maladie qui la print en prison et jusques à sa mort[2].

Voici ce qui arriva, en 1629, à une pauvre femme de Gérardmer, que l’on ne put cependant convaincre de sorcellerie. Le mémoire que nous citons, emprunté à H. Lepage, fait connaître les formalités qui avaient lieu à l’occasion de ces affreuses procédures, trop souvent terminées par des exécutions[3].

– Le sieur Procureur général au bailliage des Vosges, ayant donné ses requises pour informer contre une nommée Mougeatte Chippot,

  1. Le lecteur consultera avec plaisir sur ce sujet l’étude de M. le docteur A. Fournier: Épidémie de sorcellerie.
  2. H. Lepage.
  3. En quinze ans, on condamna à mort, sous Charles III, 900 personnes pour crime de sorcellerie (Marchal, Hist. de Lunéville).