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faïence, de porcelaine, d’amarides, de sucre d’orge. Pour peu qu’elles eussent de la chance et leurs promis, quelques pièces blanches, les jeunes Gérômoises se procuraient une demi-douzaine de bols, de tasses, de verres avec inscription : « Souvenir de la fête – Amitié – Pensez à moi, etc. », qui formaient les premiers fonds du futur ménage.

Et le soir, à la nuit tombante, par les sentiers de la montagne, on voyait les jeunes filles rieuses, chargées de vaisselle et de sucreries, suivies des vieux parents, regagner leurs fermes, tandis que les jeunes gens jetaient aux échos voisins de joyeux Tiou hi hie[1]!

Les chants

Jadis le montagnard gérômois chantait beaucoup dans les repas de noces, de baptême, de fête patronale, lorsque le vin l’avait mis de belle humeur ; ses chansons – qui se rapportaient aux circonstances ordinaires de la vie – étaient parfois des épigrammes anodines ou des critiques mordantes dirigées contre les jeunes filles ou les veuves de l’endroit qui avaient fauté ; si une jeune personne était activement recherchée en mariage pour sa fortune ou sa beauté, les prétendants évincés se vengeaient de l’ingrate en la chansonnant ainsi que son préféré ; la chanson servait aussi les petites rancunes personnelles des montagnards ou leur penchant naturel à ridiculiser les travers de leur prochain.

Naturellement ces chansons étaient écrites en patois ; la poésie n’en était pas bien savante et pour cause ; les mots rimaient au hasard et se notaient sur un ton mineur et langoureux, avec une phrase finale qui se traînait mollement.

  1. Gérardmer-Saison, journal local, 10. Louis Dulac.