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Page:Gérard - Correspondance choisie de Gœthe et Schiller, 1877.djvu/34

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votre roman, parties par parties. Que vous le destiniez ou non à notre journal, vous me feriez une grande faveur, si vous vous vouliez bien me le communiquer. Mes amis et ma femme se rappellent à votre bon souvenir.

Je suis avec un profond respect votre très-obéissant serviteur,

Schiller.

4.

Réponse de Gœthe. Observations sur le jugement émis par Schiller dans la lettre précédente.

Pour l’anniversaire de ma naissance[1], qui aura lieu cette semaine, je ne pouvais recevoir de présent plus agréable que votre lettre. Vous y tracez d’une main amie le résumé de mon existence, et l’intérêt que vous me témoignez m’excitera à faire de mes forces un usage plus assidu et plus actif.

Il n’y a point de pure jouissance ni de vraie utilité qui ne soit réciproque ; aussi me fais-je une fête de vous dire un de ces jours quels avantages j’ai retirés de votre conversation ; moi aussi je date une époque nouvelle de ces jours passés avec vous[2], et je suis bien heureux d’avoir, sans grands encouragements, persisté dans ma voie, puisqu’il semble aujourd’hui qu’après une rencontre si inattendue, c’est ensemble que nous continuerons notre marche. J’ai toujours apprécié la conviction si noble et si rare qui paraît dans tout ce que vous avez écrit et fait, et je puis avoir quelque droit d’être mis au fait par vous-même du développement de votre esprit, surtout dans ces dernières années. Quand nous nous serons mutuellement éclairés sur le point où nous

  1. Gœthe était né le 28 août 1749, à Francfort-sur-le-Mein ; il avait à cette époque quarante-cinq ans ; Schiller, né le 10 novembre 1759 à Marbach (Wurtemberg), était plus jeune que lui de dix ans.
  2. Ces expressions méritent d’être remarquées ; elles prouvent toute l’importance que Gœthe attachait à ses rapports avec Schiller, et ce qu’il en espérait pour le développement de son propre génie. Il emploie les mêmes termes, en écrivant à d’autres amis, à Meyer, à Madame de Kalb.