Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/203

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signale la présence du rôti et du fromage, ce qui peut donner une idée du confortable de ce repas. Paulli raconte[1] qu’un chanteur-baladin faisant sa quête aux tables, reçut à celle des paysans 7 pfennings de chacun des convives, ceux-ci prenant le baladin pour le sommelier de l’établissement et pensant acquitter leur écot. Le baladin empocha l’argent et les paysans furent obligés de payer une seconde fois quand l’authentique sommelier de la Lanterne se présenta pour recevoir la dépense.

En 1492, la cherté fut considérable. D’après la chronique de Henri Bentz, le repas ordinaire (Mohl) se payait dans les auberges de Strasbourg 7 pfennings, ce qui, pour l’époque, équivalait à 18 sous de notre monnaie ; le repas exclusivement composé de poisson (Fischmohl) était plus cher ; il coûtait 9 pfennings, environ 19 sous ; le souper (Oben-Irten) était sensiblement moins cher : on le payait environ 6 sous[2]. Dans la même année, la domesticité de Maximilien Ier, logée au Bouc, sur le marché aux poissons, se révolta contre l’hôtesse et fit un grand désordre, parce qu’elle faisait payer pour deux mets de viande 2 pfennings et 1 pfenning pour le vin, environ 8 sous. — L’hôtesse dénoncée fut punie.

Suivant le registre d’un bourgeois de Strasbourg on pouvait, en 1526, faire au poêle des tailleurs[3] un bon repas composé de pain, de vin, de rôti, de salade, de fromage et de fruits pour 1 schilling, c’est-à-dire pour environ 20 sous de notre monnaie.

À Montbéliard, le Magistrat régla, vers le milieu du seizième siècle, le tarif des repas dans les auberges. « Chacun qui y mange, dit une ordonnance de 1551, doit payer trois sols bâlois et aura pour son repas quatre bons et raisonnables mets, deux sortes de vin et du fruit[4]. » Trois batzen bâlois de 1550 pouvaient faire 24 sous de notre monnaie. C’était l’âge d’or pour

  1. Paulli, Schimpf und Ernst. Édition de Marburg, 1856, p. 200.
  2. Henri Bentz, Ensisheim. Chron. Mss. cité dans les Histor. Merkwürdigk. des Elsasses, p. 164.
  3. Idem, p. 167.
  4. Duvernoy, Éphémér. de Montbéliard, p. 300.