Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/281

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Les curieux peuvent aussi consulter, pour se faire une idée de ce genre de solennités, l’intéressante description qui fut envoyée à Strasbourg des fêtes qui se tinrent à Bruges, en 1473, à l’occasion du mariage du duc de Bourgogne avec Marguerite d’Angleterre[1].

L’Alsace ne vit rien de si considérable. Mais je puis donner, d’après M. Dietrich[2], le détail du festin qui fut célébré à Ribeaupierre, le 6 novembre 1543, pour les noces de Georges de Ribeaupierre et d’Élisabeth de Helffenstein. « Après la messe, les cors sonnèrent à table, et le maître des cérémonies avec sa baguette blanche assigna aux convives les places qu’ils devaient occuper. » Les dames occupaient sept tables dans une salle séparée ; dans la grande salle du château siégeaient à neuf tables les seigneurs et les nobles ; les prêtres et les députations en remplissaient douze autres dans la salle d’été ; dans le grand corridor les écuyers et les gens de la suite des seigneurs garnissaient six tables ; la salle de la chancellerie était occupée par les employés et les serviteurs, et la cuisine avait été réservée à la domesticité féminine ; ils tenaient quinze tables ; total, quarante-huit tables. Sept cuisiniers et sept coadjuteurs, commandés par un maître d’hôtel, avaient préparé le festin ; une compagnie de pages servait les dames et la noblesse ; des valets servaient le restant de l’assistance. La confrérie des joueurs d’instruments, dont le seigneur de Ribeaupierre était le roi, exécutait des symphonies pendant les entr’actes du banquet. Voici l’ordre du repas :


Premier service

1. Un pâté contenant trois perdrix vivantes.
2. Chevreuil moucheté de raisins de Corinthe.
3. Soupe aux œufs.
4. Une énorme tête de brochet au bleu tenant dans la bouche un lis blanc, image de l’innocence de la jeune fiancée.
5. Un brochet lardé.
6. Bœuf accompagné de raifort.
7.
  1. Code diplom. et histor. de la ville de Strasbourg. Archiv-Chronick, p. 191.
  2. Légendes et chroniques alsaciennes, p. 177.