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Page:Géraud - Le Voyage de Marie Stuart, Lefuel.djvu/12

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Telle au bord du navire, et d’une voix éteinte,
La fille des Stuarts déploroit ses malheurs ;
Mais les vents emportoient sa plainte,
Comme l’onde emportoit ses pleurs.
Sur une ancre appuyée, et malgré sa souffrance,
Avide, en s’éloignant, de contempler la France,
Elle n’en put distraire et son cœur et ses yeux,
Qu’à l’heure où de la nuit de profondes ténèbres
Vinrent de leurs voiles funèbres
Couvrir les flots silencieux.
Mais dès que les rayons de la naissante aurore
Éclairèrent un ciel de pourpre coloré,
En élevant les mains vers le Dieu qu’elle implore,
Dans l’horizon, Marie encore
Chercha le rivage adoré ;
Et comme la frêle carène,
Docile aux désirs de la reine,
Sur les ondes sembloit dormir,
Une dernière fois cette terre chérie
S’offrit à ses regards, et son âme attendrie
De nouveau se prit à gémir.