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LE DÉFRICHEUR.

IV.

jean rivard, propriétaire.


Jean Rivard partit de Grandpré, traversa le Saint-Laurent en canot et s’aventura ensuite dans les terres.

Le lendemain de son départ, il s’arrêta dans un village dont les maisons presque toutes nouvellement construites et blanchies à la chaux offraient un certain air d’aisance et de gaieté, et au centre duquel s’élevait une petite église surmontée d’un clocher.

Heureusement pour Jean Rivard, ce village était presque entièrement peuplé de Canadiens. Il alla frapper à la porte de la maison de M. Lacasse, magistrat de l’endroit, qu’il connaissait déjà de réputation.

M. Lacasse était en même temps cultivateur et commerçant. Il n’avait reçu que peu d’instruction dans sa jeunesse, mais il possédait un grand fond de bon sens et des sentiments honorables qui le faisaient estimer de tous ceux qui l’approchaient.

Jean Rivard prit la liberté de se présenter à lui, et après lui avoir décliné son nom, lui fit part en quelques mots du but de son voyage.

M. Lacasse l’écouta attentivement, tout en le considérant avec des yeux scrutateurs, puis s’adressant à lui :

— « Jeune homme, dit-il, avant de vous dire ce que je pense de votre démarche, permettez-moi de vous faire deux ou trois questions : quel âge avez-vous ?

— J’ai dix-neuf ans.