Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/114

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sera faite : en nous levant de grand matin nous aurons du temps de reste.

Le lendemain avant le jour nos trois amis étaient debout ; on se diligenta si bel et si bien que les affaires furent faites de bonne heure, et on se dirigea vers l’usine. Julien, que son frère tenait par la main, était tout fier d’être de la partie.

— Il y a trois grandes usines distinctes dans l’établissement du Creusot, dit le patron qui le connaissait de longue date : fonderie, ateliers de construction et mines ; mais voyez, ajouta-t-il en montrant des voies ferrées sur lesquelles passaient des locomotives et des wagons pleins de houille, chacune des parties de l’usine est reliée à l’autre par des chemins de fer ; c’est un va-et-vient perpétuel.

— Mais, dit Julien, c’est comme une ville, cette usine-là. Quel grand bruit cela fait ! et puis tous ces mille feux qui passent devant les yeux, cela éblouit. Un peu plus, on aurait grand’peur.

UN HAUT-FOURNEAU. — Les hauts-fourneaux sont des espèces de tours solides qu’on remplit par en haut de minerai de fer. Une fois que le haut-fourneau est allumé, on le remplit jour et nuit sans interruption pour avoir la plus grande chaleur possible, jusqu’à ce que les murs usés se fendent et éclatent. A mesure que le fer se fond, il tombe en dessous, dans un réservoir.


— A présent que nous entrons, dit André, ne me lâche pas la main, Julien, crainte de te faire blesser.

— Oh ! je n’ai garde, dit le petit garçon ; il y a trop de machines qui se remuent autour de nous et au-dessous de nous. Il me semble que nous allons être broyés là-dedans.

— Non, petit Julien ; vois, il y a là des enfants qui ne sont pas beaucoup plus âgés que toi et qui travaillent de