de la voiture ; malgré cela il faisait si noir qu’à peine y voyait-on à quelques pas devant soi.
Tout à coup le petit Julien tendit les bras en avant :
— Oh ! voyez, monsieur Gertal ; regarde, André ; là-bas on dirait un grand incendie ; qu’est-ce qu’il y a donc ?
— En effet, dit André, c’est comme une immense fournaise.
M. Gertal arrêta Pierrot : — Prêtez l’oreille, dit-il aux enfants ; nous sommes assez près pour entendre.
Tous écoutèrent immobiles. Dans le grand silence de la nuit on entendait comme des sifflements, des plaintes haletantes, des grondements formidables. Julien était de plus en plus inquiet : — Mon Dieu, monsieur Gertal, qu’y a-t-il donc ici ? Bien sûr il arrive là de grands malheurs.
— Non, petit Julien. Seulement nous sommes en face du Creusot, la plus grande usine de France et peut-être d’Europe. Il y a ici quantité de machines et de fourneaux, et plus de seize mille ouvriers qui travaillent nuit et jour pour donner à la France une partie du fer qu’elle emploie. C’est de ces machines et de ces énormes fourneaux chauffés à blanc continuellement que partent les lueurs et les grondements qui nous arrivent.
— Mon Dieu, dit Julien, quel travail !
— Oh ! monsieur Gertal, s’écria André, si vous voulez me permettre demain d’aller un peu voir cette usine, je serai bien content. Vous ne savez pas comme cela m’intéresserait de voir préparer ce fer que nous autres serruriers nous façonnons.
— Nous irons tous les trois, enfants, quand la besogne