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La ville, où les habitants mouraient de faim, songeait à la nécessité de se rendre, lorsqu’une armée de secours venue de tous les autres points de la Gaule se présenta sous les murs d’Alésia.

Une grande bataille eut lieu ; les Gaulois furent d’abord vainqueurs, et César, pour exciter ses troupes, dut combattre en personne. On le reconnaissait à travers la mêlée à la pourpre de son vêtement. Les Romains reprirent l’avantage ; ils enveloppèrent l’armée gauloise. Ce fut un désastre épouvantable.

VERCINGÉTORIX, de la tribu des Arvernes (habitants de l’Auvergne), vivait au dernier siècle avant J.-C.


Dans la nuit qui suivit cette funeste journée, Vercingétorix, voyant la cause de la patrie perdue, prit une résolution sublime. Pour sauver la vie de ses frères d’armes, il songea à donner la sienne. Il savait combien César le haïssait ; il savait que plus d’une fois, dès le commencement de la guerre, César avait cherché à se faire livrer Vercingétorix par ses compagnons d’armes, promettant à ce prix de pardonner aux révoltés. Le noble cœur de Vercingétorix n’hésita point : il résolut de se livrer lui-même.

Au matin, il rassembla le conseil de la ville et y annonça ce qu’il avait résolu. On envoya des parlementaires porter ses propositions à César. Alors, se parant pour son sacrifice héroïque comme pour une fête, Vercingétorix, revêtu de sa plus riche armure, monta sur son cheval de bataille. Il fit ouvrir les portes de la ville, puis s’élança au galop jusqu’à la tente de César.

Arrivé en face de son ennemi, il arrête tout d’un coup son cheval, d’un bond saute à terre, jette aux pieds du vainqueur ses armes étincelantes d’or, et fièrement, sans un seul mot, il attend immobile qu’on le charge de chaînes.

Vercingétorix avait un beau et noble visage ; sa taille superbe, son attitude altière, sa jeunesse produisirent un moment d’émotion dans le camp de César. Mais celui-ci, insensible au dévouement du jeune chef, le fit enchaîner, le traîna derrière son char de triomphe en rentrant à Rome, et enfin le jeta dans un cachot.

Six ans Vercingétorix languit à Rome dans ce cachot noir et infect. Puis César, comme s’il redoutait encore son rival vaincu, le fit étrangler.


— Hélas ! dit Jean-Joseph avec amertume, il était bien cruel ce César.

— Ce n’est pas tout, Jean-Joseph, écoutez :