Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/140

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Enfants, réfléchissez en votre cœur, et demandez-vous lequel de ces deux hommes, dans cette lutte, fut le plus grand.

Laquelle voudriez-vous avoir en vous, de l’âme héroïque du jeune Gaulois, défenseur de vos ancêtres, ou de l’âme ambitieuse et insensible du conquérant romain ?

— Oh ! s’écria Julien tout ému de sa lecture, je n’hésiterais pas, moi, et j’aimerais encore mieux souffrir tout ce qu’a souffert Vercingétorix que d’être cruel comme César.

— Et moi aussi, dit Jean-Joseph. Ah ! je suis content d’être né en Auvergne comme Vercingétorix.

On garda un instant le silence. Chacun songeait en lui-même à ce que Julien venait de lire. Puis le jeune garçon, reprenant son livre, continua sa lecture.



LVIII. — Michel de l’Hôpital. — Desaix. — Le courage civil et le courage militaire.



I.   Enfants, voici encore une belle histoire, l’histoire d’un magistrat français qui ne connut jamais dans la vie d’autre chemin que celui du devoir, et qui se montra aussi courageux dans les fonctions civiles que d’autres dans le métier des armes.

Michel de l’Hôpital naquit, en Auvergne, au seizième siècle. Son travail assidu, ses études savantes et son grand talent le firent arriver à un poste des plus élevés : il fut chargé d’administrer les finances de l’État.

Bien d’autres, avant lui, s’étaient, à ce poste, enrichis rapidement, en gaspillant sans scrupule les trésors de la France. Michel, qui avait la plus sévère honnêteté, réforma les abus et donna l’exemple d’un entier désintéressement. Pauvre il était arrivé aux finances, pauvre il en sortit ; tellement que le roi fut obligé de donner une dot à la fille de Michel de l’Hôpital pour qu’elle pût se marier.

MICHEL DE L’HOPITAL, né à Aigueperse (Puy-de-Dôme), en 1505, mort en 1573.


La probité que Michel avait montrée dans l’administration des finances lui valut d’être nommé à un poste plus important encore. Cette fois, ce n’étaient plus les trésors de l’État qu’il avait entre les mains, c’était l’administration de la justice qui lui était confiée : il fut nommé grand chancelier du royaume.

Dès le début, on voulut lui arracher une injustice, et obtenir qu’il signât un arrêt de mort immérité. On le menaçait lui-même de le mettre à mort, s’il ne signait cet arrêt. La réponse de Michel de l’Hôpital fut telle, qu’il serait à souhaiter que tout Français l’apprit par cœur :