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Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/162

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En disant ces mots, M. Gertal sortit avec les deux enfants pour aller faire des achats. Il se rendit chez plusieurs fabricants de rubans et de soieries, où l’on entendait encore, malgré l’heure tardive, le bruit monotone des métiers.

M. Gertal devait rester un jour seulement à Saint-Étienne. Le surlendemain, au moment du départ, il dit à Julien :

— Mon ami, le temps approche ou nous allons nous quitter. Te rappelles-tu la promesse que je t’ai faite à Besançon ? Je ne l’ai pas oubliée, moi. Voici le petit cadeau que tu désirais.

En même temps, M. Gertal atteignit un parapluie soigneusement renfermé dans un fourreau en toile cirée. — Je te l’ai acheté ici même, dit-il.

— Oh ! merci, monsieur Gertal, s’écria Julien en ouvrant le parapluie. Mais, ajouta-t-il, il est en soie, vraiment ! Oh ! qu’il est grand et beau ! voyez, monsieur Gertal, comme André et moi nous serons bien garantis là-dessous ! Et avec cela il est léger comme un jonc. Que vous êtes bon, monsieur Gertal !

Puis, passant le parapluie à André, qui le remit dans son étui, l’enfant courut aussitôt embrasser le patron.

On quitta ensuite la grande ville industrielle pour se diriger vers le sud-est, et on passa du Lyonnais dans le Dauphiné.



LXVII. — André et Julien quittent M. Gertal. — Pensées tristes de Julien. — Le regret de la maison paternelle.


Combien sont heureux ceux qui ont un père, une mère, un foyer auquel viennent s’asseoir, après le travail, tous les membres de la famille unis par la même affection !


C’était à Valence, chef-lieu du département de la Drôme, dans le Dauphiné, que nos trois amis devaient se quitter.

M. Gertal y acheta diverses marchandises, y compris des objets de mégisserie, gants, maroquinerie et peaux fines, qu’on travaille à Valence, à Annonay et dans toute cette contrée de la France. Ensuite M. Gertal se prépara à repartir.

Après six semaines de fatigue et de voyage, il avait hâte de retourner vers le Jura, où sa femme et son fils l’attendaient. Les enfants, d’autre part, avaient encore soixante lieues à faire avant d’arriver à Marseille.

Ce fut sur la jolie promenade d’où l’on découvre d’un côté