les rochers à pic qui dominent le Rhône, de l’autre côté les Alpes du Dauphiné, que nos amis se dirent adieu.
— André, dit M. Gertal, quand tu m’as demandé quelque chose comme salaire à Besançon, je n’ai rien voulu te promettre, car je ne te connaissais pas ; mais depuis ce jour tu t’es montré si laborieux, si courageux, et tu m’as donné si bonne aide en toute chose, que je veux t’en montrer ma reconnaissance. J’ai fait l’autre jour à Julien le cadeau que je lui avais promis ; voici maintenant quelque chose pour toi, André.
Et il tendit au jeune garçon un porte-monnaie tout neuf, où il y avait trois petites pièces de cinq francs en or.
— Avec vos autres économies, dit M. Gertal, cela vous fera à présent cent francs juste. J’ai aussi tenu à mentionner sur un certificat ma bonne opinion de toi et l’excellent service que tu as fait pour mon compte depuis six semaines. Le maire de Valence a légalisé ma signature et mis à côté le sceau de la mairie. Voilà également ton livret bien en ordre. Dieu veuille à présent, mes enfants, vous accorder un bon voyage.
Et le Jurassien, sans laisser à André le temps de le remercier, l’attira dans ses bras ainsi que le petit Julien.
Il était ému de les quitter tous les deux. Au moment de se séparer, il se souvenait des jours passés avec eux, du travail qu’on avait fait ensemble, et aussi des plaisirs et des anxiétés éprouvés en commun. Il songeait à cette nuit d’angoisse en Auvergne pendant l’incendie, et, par la pensée, il revoyait André emportant dans ses bras le pauvre Jean-Joseph. À demi-voix, le cœur gros, il dit aux enfants en leur donnant le baiser d’adieu :
— Le ciel vous bénisse, enfants, et que Dieu vous rende