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Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/169

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d’une fée, battait avec un petit balai de bruyère les cocons, qu’elle avait placés dans une bassine d’eau bouillante afin de décoller les fils. Le premier fil une fois trouvé, elle le posait sur le bord de la bassine tout prêt à prendre. Ensuite elle en réunissait quatre ou cinq afin d’obtenir un fil plus gros et plus solide ; puis elle imprimait le mouvement au métier, et la soie se trouvait dévidée en écheveaux.

OUVRIÈRE DU DAUPHINÉ FILANT LA SOIE DES COCONS. — A mesure que les fils de soie se déroulent des cocons, ils s’enfilent par deux trous que l’on voit à droite et à gauche, puis ils passent sur deux crochets au-dessus de la tête de la dévideuse, et de là vont s’enrouler sur un dévidoir qu’on ne voit pas dans la gravure. Ce dévidoir est mis en mouvement par les pieds de la fileuse ou par l’aide d’une autre personne.


Julien suivait des yeux les cocons, qui sautaient dans la bassine, comme auraient pu faire de petits pelotons qu’on aurait été en train de dépelotonner. À mesure que le métier tournait, les cocons se dévidaient et diminuaient de grosseur. Bientôt la fin du fil arriva, et Julien vit, de chaque cocon fini, quelque chose de noir s’échapper dans l’eau.

— Qu’est-ce que cela ? fit-il.

— Ce sont les chrysalides, dit la fileuse. On appelle ainsi les vers qui se sont transformés. Vous savez bien, mon enfant, que le cocon filé par le ver à soie est une sorte de nid où il se retire comme pour s’endormir.

— Oui, madame, dit Julien, j’en ai même vu l’image en classe dans mon livre de lecture ; mais le livre dit aussi que le ver à soie s’éveille par la suite, qu’il perce le cocon et sort alors changé en papillon.

— Oui, dit la fileuse, quand on le laisse faire ; mais nous ne le laissons pas s’éveiller ; car, s’il perçait le cocon, adieu la soie. Il ne resterait plus que mille petits brins brisés, au lieu de ce joli fil long de trois cent cinquante mètres.

— Comment l’empêche-t-on de sortir ? dit Julien.