En ce moment, la porte d’en face s’ouvrit de nouveau : c’étaient les enfants de l’hôtelière qui revenaient de l’école.
— André, s’écria Julien, ces enfants doivent savoir le français, puisqu’ils vont à l’école. Quel bonheur ! nous pourrons causer ensemble.
Les enfants qui venaient d’entrer échangèrent quelques mots avec leur mère, puis ils s’approchèrent d’André et de Julien. André leur répéta la question qu’il avait adressée à l’hôtesse : — Est-ce que vous avez des vers à soie dans la maison, et pourrait-on en voir ?
— La saison est trop avancée, dit l’aîné des enfants ; les éducations de magnans sont finies presque partout.
— Ah ! bien, fit le plus jeune, si on ne peut vous montrer les vers, on peut vous faire voir leur ouvrage. Venez avec moi : ma sœur aînée est ici tout près, en train de dévider les cocons de la récolte ! vous la verrez faire.
André et Julien passèrent dans une pièce voisine. Auprès de la fenêtre une femme était assise devant un métier à dévider. — Approchez-vous, dit-elle aux deux enfants avec affabilité et en bon français, car elle ne manquait point d’instruction. Tenez, mon petit garçon, prenez, dans votre main ce cocon et regardez-le bien. C’est le travail de nos vers à soie.
— Quoi ! dit Julien, cela n’est pas plus gros qu’un œuf de pigeon, et c’est doux à toucher comme un duvet.
— A présent, reprit l’agile dévideuse, regardez-moi faire. Il s’agit de dévider les cocons, et ce n’est pas facile, car le fil de soie est si fin, si fin, qu’il en faudrait une demi-douzaine réunis pour égaler la grosseur d’un de vos cheveux. N’importe, il faut tâcher d’être adroite.
En disant cela la dévideuse, qui avait en effet l’adresse