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Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/226

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l’eau d’une rivière ou d’une mare. L’eau de l’Océan, au contraire, avance, avance pendant six heures sur la terre comme une inondation : alors il y a de grands terrains tout couverts d’eau ; puis après, elle redescend pendant six autres heures, et on peut marcher à pied sec là où elle était, comme j’ai fait à la Rochelle. Seulement on n’y peut rien laisser, vous pensez bien, ni rien bâtir ; car elle revient ensuite pendant six autres heures et elle emporterait tout ; et c’est comme cela, toujours, toujours, depuis que le monde est monde. Il paraît que c’est la lune qui attire ainsi et soulève l’eau de l’Océan. Je vous dirai, Jean-Joseph, que c’est tout à fait amusant, quand on est sur le bord de la mer, de jouer à courir au devant des vagues. On a beau se dépêcher, voilà que quelquefois les vagues courent plus vite que vous, et on en reçoit de bonnes giboulées dans les jambes ; et on rit, parce qu’on a eu peur tout de même.

LE POITOU, L’AUNIS, ET LA SAINTONGE ont des côtes sur l’Océan, avec le port commerçant de la Rochelle (31.500 h.) et le port militaire de Rochefort (36.400 h.). La ville principale de ces provinces est Poitiers (38.500 h.), cité savante et industrieuse. On remarque aussi Angoulême (37.600 h.), centre de la fabrication du papier, Niort (24.000 h.), la Roche-sur-Yon (13.600 h.), Châtellerault avec une fabrique renommée de couteaux et d’armes blanches, Saintes et Cognac qui font un grand commerce d’eaux-de-vie.


Mais je suis sûr, Jean-Joseph, qu’en lisant ma lettre vous vous dites : — Est-il heureux, ce Julien-là, de voyager ainsi et de voir tant de belles choses, tandis que moi je fais tout bonnement des paniers le soir à la veillée, après avoir gardé les bêtes aux champs tout le jour ! Ah ! Jean-Joseph, ne vous pressez pas tant de parler. Quand vous saurez nos aventures, vous verrez qu’il y a bien des ennuis partout, allez.