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Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/240

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souris qui m’ennuient fort ; je n’entends plus le chant des oiseaux de mon pays, mais je l’entendrai encore quand il vous plaira.

— Eh bien, dit le prince, il ne tient qu’à vous que ce soit bientôt.

Et le prince essaya de lui faire jurer de ne plus combattre pour sa patrie. Bertrand refusa.

On finit par convenir que Bertrand Duguesclin recouvrerait sa liberté en payant une énorme somme d’argent pour sa rançon.

— Comment ferez-vous pour amasser tant d’argent ? dit le prince.

UN TOURNOI AU MOYEN AGE. — Les tournois (mot qui vient de tournoyer) étaient, au moyen âge, de grandes fêtes publiques et militaires où l’on simulait des combats. Tantôt, deux chevaliers se précipitaient l’un sur l’autre pour rompre une lance et cherchaient à se renverser, tantôt, ils faisaient semblant d’assiéger une place, tantôt ils se jetaient tous les uns contre les autres, représentant une mêlée furieuse. Après le tournoi, des prix étaient décernés aux vainqueurs par les dames.


— Si besoin est, répliqua Bertrand, il n’y a femme ou fille en mon pays, sachant filer, qui ne voudrait gagner avec sa quenouille de quoi me sortir de prison.

On permit alors à Duguesclin d’aller chercher lui-même tout cet argent, sous le serment qu’il reviendrait le rapporter.

Duguesclin quitta Bordeaux monté sur un roussin de Gascogne, et il recueillit déjà, chemin faisant, une partie de la somme.

Mais voilà qu’il rencontre de ses anciens compagnons d’armes, qui, eux aussi, avaient été mis en liberté sur parole et ne pouvaient trouver d’argent pour se racheter.

— Combien vous faut-il ? demanda Bertrand.

Les uns disent « cent livres ! » les autres « deux cents livres ! » et Bertrand les leur donne.

Quand il arriva en Bretagne, à son château où résidait sa femme, il avait donné tout ce qu’il avait. Il demanda alors à sa femme de lui remettre les revenus de leur domaine et même ses bagues, ses bijoux.

— Hélas ! répondit-elle, il ne me reste rien, car il est venu une grande multitude de pauvres écuyers et chevaliers, qui me demandaient de payer leur rançon. Ils n’avaient d’espoir qu’en moi, et je leur ai donné tout ce que nous possédions.

Duguesclin serra sa femme sur son cœur.