— Oh ! je connais ce nom-là, dit Julien en s’interrompant ; j’ai vu, en passant à Nantes, la statue de Duguesclin.
DUGUESCLIN naquit, en 1314, près de Rennes, l’antique et belle capitale de la Bretagne. Duguesclin était laid de figure, il avait un caractère intraitable, mais il était plein de courage et d’audace. Dès l’âge de seize ans, il trouve moyen de prendre part, sans être connu, à un de ces combats simulés qu’on appelait tournois, et qui étaient une des grandes fêtes de l’époque. Il entre au milieu des combattants avec la visière de son casque baissée, pour n’être reconnu de personne, et terrasse l’un après l’autre seize chevaliers qui s’offrent à le combattre. Au moment où il terrassait son dernier adversaire, celui-ci lui enlève son casque du bout de sa lance et on reconnaît le jeune Bertrand Duguesclin. Son père accourt à lui et l’embrasse : il est proclamé vainqueur au son des fanfares.
Après s’être ainsi fait connaître, Duguesclin entra dans l’armée et commença à combattre les Anglais, qui occupaient alors une si grande partie de la France.
Il remporta sur eux une série de victoires ; par malheur, un jour il se trouva vaincu et fut fait prisonnier. Le Prince Noir, fils du roi d’Angleterre, fit faire bonne garde autour de lui, et on le tint en prison à Bordeaux. Il languit ainsi plusieurs mois. Un jour le prince le fit amener devant lui :
— Bertrand, dit-il, comment allez-vous ?
— Sire, par Dieu qui créa tout, j’irai mieux quand vous voudrez bien ; j’entends depuis longtemps dans ma prison les rats et les