ce moment il sentit quelque chose de dur dans sa poche, et il ne put retenir un petit cri de plaisir :
— Oh ! fit-il, j’ai tout de même encore un livre, mon livre sur les grands hommes. Il était dans ma poche et il s’est trouvé sauvé sans que j’y pense.
Le vieux pilote embrassa Julien, et serrant la main de Frantz : — Allons, dit-il, ne nous désolons pas, Frantz. Songe que dans ma vie j’ai passé des heures plus dures encore, et pourtant me voilà petit propriétaire à présent. Ton tour de bonheur arrivera aussi, tu verras ; il arrive toujours pour ceux qui comme toi ne craignent ni la peine ni le travail, parce qu’ils veulent honnêtement se tirer d’affaire.
— Et puis, mon oncle, ajouta André, vous n’êtes pas seul, et nous, nous ne sommes plus orphelins. À nous trois, nous formons une petite famille. Nous nous aimons, nous nous soutiendrons tous les trois ; nous serons heureux, allez, sinon par la richesse, au moins par l’affection.
Le paquebot arriva rapidement à Dunkerque. Ce port, le plus fréquenté du département du Nord, tire son nom des dunes de sable près desquelles la ville est bâtie. C’est, avec Boulogne et Calais, un centre important pour la pêche des harengs et des sardines.
Frantz désirait se rendre au plus vite en Alsace-Lorraine avec ses neveux sans rien dépenser ; il songea à se procurer de l’occupation sur un des bateaux qui font le service des canaux du Nord et qui, rega-