dans la petite gare leurs caisses de voyage ; puis, munis seulement d’un paquet léger et d’un bâton, ils suivirent à pied la route qui menait à la ferme de la Grand’Lande, située dans la partie la plus montueuse de l’Orléanais.
Ils marchèrent assez longtemps le long d’une jolie chaîne de collines au pied desquelles serpentait la rivière. Ils suivaient un sentier étroit, déjà ombragé par les feuilles naissantes des arbres ; au-dessus d’eux les oiseaux chantaient dans les branches, fêtant le prochain retour du printemps. Julien, plus gai encore que les pinsons qui gazouillaient autour de lui, sautait de joie en marchant : — Oh ! disait-il, quel bonheur ! Nous allons donc être tous réunis, et puis nous allons vivre aux champs !...
André partageait en lui-même la joie de Julien ; l’oncle Frantz se sentait aussi tout heureux à la pensée de revoir son vieil ami le pilote Guillaume et de s’installer auprès de lui avec ses deux enfants d’adoption.
Ils marchaient depuis une bonne demi-heure et n’avaient encore rencontré personne à qui s’informer du chemin ; ils craignirent de s’être égarés. Afin d’apercevoir mieux le pays, ils montèrent sur un talus, et Julien distingua, à deux cents pas de là, derrière une haie, deux petites filles accroupies par terre, un couteau à la main, en train de cueillir de la salade sauvage. Il les appela pour qu’elles leur indiquassent le chemin. Sa voix fut plusieurs fois répétée par un bel écho