Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/303

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de la colline ; malgré cela, les deux petites filles étaient si occupées à leur besogne qu’elles n’y firent point attention.

— Mon oncle, dit alors Julien, je vais descendre la colline et courir près d’elles pour leur demander le chemin.

L’enfant courut en avant et s’approchant des deux petites, qui avaient levé la tête en l’entendant venir :

— Est-ce que la ferme de la Grand’Lande est loin d’ici ? leur demanda-t-il.

— Oh ! non, répondit l’aînée, dans cinq minutes on est chez nous.

— Chez vous ? reprit Julien en regardant les deux enfants de tous ses yeux ; mais alors vous êtes donc les petites filles de M. Guillaume ?

— Mais oui, répondirent-elles à la fois.

LA FERME RAVAGÉE PAR LA GUERRE. — La guerre est toujours un grand malheur pour les peuples, quel que soit le résultat, et les vainqueurs souvent n’y perdent pas moins que les vaincus. Là où les batailles se livrent, les campagnes sont dévastées : la vie entière dans tout le pays est suspendue tant que dure la guerre, l’industrie est en souffrance, le commerce est arrêté et ne reprend ensuite qu’avec peine. Néanmoins, quand la Patrie est attaquée, c’est à ses enfants de se lever courageusement pour la défendre ; ils doivent sacrifier sans hésiter leurs biens et leur vie.

— Et nous, s’écria le petit garçon tout joyeux, nous sommes ses amis et nous venons le voir. Peut-être bien vous a-t-il parlé de nous déjà : je m’appelle Julien Volden, moi, et je sais votre nom à toutes les deux : tenez, vous qui êtes grande comme moi, vous vous appelez Adèle, dit Julien en désignant l’aînée des petites, et votre sœur, qui est plus jeune, s’appelle Marie ; elle a cinq ans.

La petite Marie se mit à sourire : — Notre père nous a parlé de vous aussi, Julien, dit-elle ; il vous aime beaucoup.

Et les deux enfants regardèrent Julien avec intérêt, comme si la connaissance était désormais complète entre eux.