que la pluie cessât. Plusieurs heures se passèrent ; mais la pluie tombait toujours avec violence.
— Quel malheur ! pensait André, voilà un jour de retard. Il nous faudra aller coucher au petit village que j’aperçois d’ici. Et s’il pleut encore demain !...
A ce moment, Julien vit passer sur la route une carriole qui s’en allait dans la direction de Besançon. C’était un boisselier de Besançon qui revenait d’une foire où il était allé vendre des boisseaux, des litres en bois de chêne, des seaux, soufflets et tamis. Il avait aussi dans sa voiture des objets de vannerie, paniers et corbeilles de toute sorte. Il allait vite, car sa marchandise n’était pas lourde.
— Mon Dieu ! André, s’écria Julien, si nous demandions à ce voiturier de nous prendre avec lui en payant quelque chose : cela ne vaudrait-il pas mieux ? — Essayons, dit André.
Ils coururent et poliment expliquèrent au conducteur l’embarras où la pluie les mettait. Le voiturier avait l’air souriant, le visage fort enluminé, les manières joviales, mais un peu grossières.
— Montez, mes gaillards, dit-il, et donnez-moi quinze sous ; vous serez ce soir à Besançon.
André hésita un instant.
— Est-il bien sage, pensait-il, de nous confier à un homme que nous ne connaissons pas et dont les manières n’inspirent pas grand respect ?