là sur le feu. Elle est aussi grande qu’une barrique et elle a l’air pleine de lait.
— Tout juste, enfant ; il y a là trois cents litres de lait à chauffer pour faire du fromage.
— Mais, monsieur, dit le petit Julien, j’ai appris d’une fermière de Lorraine que souvent une vache ne donne pas plus de deux cents litres de lait en un mois ; vous avez donc bien des vaches, vous, monsieur, pour avoir ainsi trois cents litres de lait à la fois !
— Moi, dit le fruitier, je n’en ai pas une. Et dans tout le bourg il n’y a personne assez riche pour en avoir, à lui seul, une quantité capable d’alimenter la fromagerie. Mais les fermiers s’associent ensemble : ils m’apportent leur lait tous les jours, de façon que je puisse emplir ma grande chaudière. Alors je mesure le lait de chacun, et je marque sur une coche le nombre de litres qu’il a donnés. Quand les fromages sont faits et vendus, on me paie pour ma peine, et les fermiers partagent entre eux le reste de l’argent avec justice, suivant la quantité de lait que chacun a fournie.
— Alors celui qui n’a qu’une vache peut aussi apporter du lait et avoir sa part ?
— Pourquoi pas, mon petit homme ? Il est aussi content, et il a plus besoin qu’un autre de voir son lait bien employé.
— Cela doit donner bien des fromages dans une année, toutes les vaches que j’ai vues dans la montagne !