Page:G. Scudéry - Arminius ou les Frères ennemis - 1644.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
PRÉFACE.

mefme fin. Mais comme le Poëtte doit eftre vn Prothée, capa ble de toutesformes ; & que les tons les plus bas de la Mufique, ne font pas moins harmonieux que les plus hauts ; du Poëme graue, ie paffe au Poëme Comique ; de la Lire à la Mufette, de la Majefté des Vers,à la fimplicité de la Profe, & pour parler en termes de l’Art, duCothurne , à la Socque. Ce fut en LA COMED1E DES COMEDIENS, quel’onmevit faire ce changement : neâtmoins, pour auoir changé monMo de, ie ne changé pas de deftin ; cette Piece (qu’on peut appeller vn agreable Caprice) ne defplutpoint en fanouueauté ; & le grand Monde quila fuiuit , en fut vne preuue infaillible. Mais comme ie fçay qu’il eft de ces inuentions particulieres, comme de la Chromatique, de laquelleilne fautguerevfer, fil’onveut qu’elle femble bonne, ie repris le ton ordinaire dans mon ORANTE : & par elle, ie tiray cent & cent fois des larmes, non feulement desyeuxdu Peuple, mais des plus beauxyeuxdu monde. LE FILS S VPP O SE vint en fuite, qui par fesfrequentes Reprefentations,fit voir qu’il auoit part à la gloire, aufli bien que les Poëmes qui l’auoient deuancé. Infen iiblemcnt nous voicy arriuezà ce bien heureux P R l N CE D FS G V I SE , qui fut filongtemps la paffion, & les delices de toute la Cour : iamais ouurage de cette forte n’eut plus de bruit ; &iamais chefe violéte n’eutplus de durée, tous leshom mes fuiuoient cette Piece, par tout où elle fe reprefentoit, tou tes les Dames en fçauoient les Stances par cœur , & il fe trouue mefme encor au jourd’huy mille honneftes gens , qui foû tiennent que ie n’ay iamais rien fait de plus beau ; tant ce faux Enchanteur charma veritablement le monde. Le fuccezde cet te Tragi-Comedie fut fi extraordinaire, que ie n’ofé la faire fuiure, parvne autre de mefme nature : & ie creus que pour la