Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/242

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— Que voulez-vous dire, vicomte ?

Albert, la phrase lancée, l’avait regrettée. Mais il était trop avancé pour reculer.

— Monsieur, répondit-il avec un certain embarras, j’ai à vous entretenir de choses graves. Mon honneur, le vôtre, celui de notre maison sont en jeu. Je devais avoir avec vous une explication, et je comptais la remettre à demain, ne voulant pas troubler la soirée de votre retour. Néanmoins, si vous l’exigez.

Le comte écoutait son fils avec une anxiété mal dissimulée. On eût dit qu’il devinait où il allait en venir, et qu’il s’épouvantait de l’avoir deviné.

— Croyez, monsieur, continuait Albert, cherchant ses mots, que jamais, quoi que vous ayez fait, ma voix ne s’élèvera pour vous accuser. Vos bontés constantes pour moi…

C’est tout ce que put supporter M. de Commarin.

— Trêve de préambules, interrompit-il durement. Les faits, sans phrases.

Albert tarda à répondre. Il se demandait comment et par où commencer.

— Monsieur, dit-il enfin, en votre absence j’ai eu sous les yeux toute votre correspondance avec madame Valérie Gerdy. Toute, ajouta-t-il, soulignant ce mot déjà si significatif.

Le comte ne laissa pas à Albert le temps d’achever sa phrase. Il s’était levé comme si un serpent l’eût