Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/251

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— Et alors ?

— Alors, monsieur, j’ai rendu cette correspondance à ce jeune homme, et je lui ai demandé un délai de huit jours. Non pour me consulter, il n’en était pas besoin, parce que je jugeais un entretien avec vous indispensable. Aujourd’hui donc, je viens vous adjurer de me dire si cette substitution a en effet eu lieu.

— Certainement, répondit le comte avec violence, oui, certainement, par malheur. Vous le savez bien, puisque vous avez lu ce que j’écrivais à madame Gerdy, à votre mère.

Cette réponse, Albert, la connaissait à l’avance, il l’attendait. Elle l’accabla pourtant.

Il est de ces infortunes si grandes qu’il faut pour y croire les apprendre pour ainsi dire plusieurs fois. Cette défaillance dura moins qu’un éclair.

— Pardonnez-moi, monsieur, reprit-il, j’avais une conviction, mais non pas une assurance formelle. Toutes les lettres que j’ai lues disent nettement vos intentions, détaillent minutieusement votre plan, aucune n’indique, ne prouve du moins l’exécution de votre projet.

Le comte regarda son fils d’un air de surprise profonde. Il avait encore toutes ses lettres présentes à la mémoire, et il se rappelait que vingt fois, écrivant à Valérie, il s’était réjoui du succès, la remerciant de s’être soumise à ses volontés.