Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/260

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Le front de M. de Commarin se rembrunit encore à cette supposition si naturelle. Il délibérait avec l’honneur si puissant en lui.

— Je sauverais le nom de mes ancêtres, dit-il enfin.

Albert secoua la tête d’un air de doute.

— Au prix d’un faux serment, mon père, dit-il, c’est ce que je ne croirai jamais. Supposons-le pourtant. Alors il s’adressera à madame Gerdy.

— Oh ! je puis répondre d’elle, s’écria le comte. Son intérêt la fait notre alliée. Au besoin je la verrai. Oui, ajouta-t-il avec effort, j’irai chez elle, je lui parlerai, et je vous garantis qu’elle ne nous trahira pas.

— Et Claudine, continua le jeune homme, se taira-t-elle aussi ?

— Pour de l’argent, oui, et je lui donnerai ce qu’elle voudra.

— Et vous vous fiez, mon père, à un silence payé, comme si on pouvait être sûr d’une conscience achetée. Qui s’est vendu à vous peut se vendre à un autre. Une certaine somme lui fermera la bouche, une plus forte la lui fera ouvrir.

— Je saurai l’effrayer.

— Vous oubliez, mon père, que Claudine Lerouge a été la nourrice de M. Gerdy, qu’elle s’intéresse à son bonheur, qu’elle l’aime. Savez-vous s’il ne s’est