Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/262

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magination qui s’éprennent de leurs chimères, qui prétendent toujours les faire triompher, comme s’il suffisait de vouloir fortement pour changer les rêveries en réalités.

C’est Albert, cette fois, qui rompit un silence dont la durée menaçait de se prolonger :

— Je crois m’être aperçu, monsieur, dit-il, que vous redoutez surtout la publicité de cette lamentable histoire. Le scandale possible vous désespère. Eh bien, c’est surtout si nous nous obstinons à lutter que le tapage sera effroyable ! Que demain une instance s’entame, notre procès sera dans quatre jours le sujet de conversation de l’Europe. Les journaux s’empareront des faits, et Dieu sait de quels commentaires ils les accompagneront ! L’hypothèse d’une lutte admise, notre nom, quoi qu’il arrive, traînera dans tous les papiers de l’univers. Si encore nous étions sûrs de gagner ! Mais nous devons perdre, mon père, nous perdrons. Alors, représentez-vous l’éclat ! Songez à la flétrissure imprimée par l’opinion publique !…

— Je songe, dit le comte, que pour parler ainsi il faut que vous n’ayez ni respect ni affection pour moi.

— C’est qu’il est de mon devoir, monsieur, de vous montrer tous les malheurs que je redoute pendant qu’il est encore temps de les éviter. M. Noël Gerdy est votre fils légitime, reconnaissez-le, accueillez ses