Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/265

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n’épargnais pas les plus grandes calamités à votre vieillesse. Votre nom ne m’appartient pas, je reprendrai le mien. Je suis votre fils naturel, je céderai la place à votre fils légitime. Permettez-moi de me retirer avec les honneurs du devoir librement accompli, souffrez que je n’attende pas un arrêt du tribunal qui me chasserait honteusement.

— Quoi ! dit le comte abasourdi, vous m’abandonnez, vous renoncez à me soutenir, vous vous tournez contre moi, vous reconnaissez les droits de cet autre malgré mes volontés ?…

Albert s’inclina. Il était réellement très-beau d’émotion et de fermeté.

— Ma résolution est irrévocablement arrêtée, répondit-il, je ne consentirai jamais à dépouiller votre fils.

— Malheureux ! s’écria M. de Commarin, fils ingrat !…

Sa colère était telle que, dans son impuissance à la traduire par des injures, il passa sans transition à la raillerie.

— Mais non ! continua-t-il, vous êtes grand, vous êtes noble, vous êtes généreux. C’est très-chevaleresque ce que vous faites là, vicomte ; je veux dire : cher monsieur Gerdy, et tout à fait dans le goût des hommes de Plutarque. Ainsi, vous renoncez à mon nom, à ma fortune, et vous partez. Vous allez secouer la poussière de vos souliers sur le seuil de mon