fléchir, pour tâcher de m’accoutumer au coup terrible.
Et comme le jeune homme refermait la porte, il ajouta, répondant à ses plus secrètes pensées :
— Si celui-ci me quitte, en qui j’ai mis tout mon espoir, que deviendrai-je, ô mon Dieu ! Et que sera l’autre !…
Les traits d’Albert, lorsqu’il sortit de chez le comte, portaient la trace des violentes émotions de la soirée. Les domestiques devant lesquels il passa y firent d’autant plus attention qu’ils avaient entendu quelques éclats de la querelle.
— Bon ! disait un vieux valet de pied depuis trente ans dans la maison, monsieur le comte vient encore de faire une scène pitoyable à son fils. Il est enragé, ce vieux-là !
— J’avais eu vent de la chose pendant le dîner, reprit un valet de chambre ; monsieur le comte se tenait à quatre pour ne pas parler devant le service, mais il roulait des yeux furibonds.
— Que diable peut-il y avoir entre eux ?
— Est-ce qu’on sait ? des bêtises, des riens, quoi ! M. Denis, devant qui ils ne se cachent pas, m’a dit que souvent ils se chamaillent des heures entières, comme des chiens, pour des choses qu’il ne comprend même pas.
— Ah ! s’écria un jeune drôle qu’on dressait pour l’avenir au service des appartements, c’est moi qui,