Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/276

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d’octobre, il organisait à Commarin, propriété admirable, entourée de bois immenses.

L’amour d’Albert pour mademoiselle d’Arlange, amour profond et réfléchi, n’avait pas peu contribué à l’éloigner des habitudes et de la vie des aimables et élégants oisifs ses amis. Un noble attachement est un admirable préservatif. En luttant contre les désirs de son fils, M. de Commarin avait tout fait pour en augmenter l’intensité et la durée. Cette passion contrariée fut pour le vicomte la source des émotions les plus vives et les plus fortes. L’ennui fut banni de son existence.

Toutes ses pensées prirent une direction constante, toutes ses actions eurent un but unique. S’arrête-t-on à regarder à droite et à gauche quand, au bout du chemin, on aperçoit la récompense ardemment souhaitée ? Il s’était juré qu’il n’aurait pas d’autre femme que Claire ; son père repoussait absolument ce mariage, les péripéties de cette lutte si palpitante pour lui remplissaient ses journées. Enfin, après trois ans de persévérance, il avait triomphé, le comte avait consenti. Et c’est alors qu’il était tout entier au bonheur du succès que Noël était arrivé, implacable comme la fatalité, avec ces lettres maudites.

C’est vers Claire encore que volait la pensée d’Albert en quittant M. de Commarin et en remontant lentement l’escalier qui conduisait à ses appartements. Que faisait-elle à cette heure ? Elle songeait à lui,