Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/293

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le crime. Aussitôt elle a poussé un grand cri, s’est débattue une seconde sur un fauteuil et a glissé sur le tapis en murmurant : « Oh ! le malheureux ! le malheureux ! »

— La malheureuse ! vous voulez dire.

— Non, monsieur, j’ai bien dit. Évidemment, cette exclamation ne s’adressait pas à ma pauvre nourrice.

Sur cette réponse si grave, faite du ton le plus innocent, M. Daburon leva les yeux sur son témoin. L’avocat baissa la tête.

— Et ensuite ? demanda le juge après un moment de silence pendant lequel il avait pris quelques notes.

— Ces mots, monsieur, sont les derniers prononcés par madame Gerdy. Aidé de notre servante, je l’ai portée dans son lit, le médecin a été appelé, et depuis elle n’a pas repris connaissance. Le docteur, au surplus…

— C’est bien ! interrompit M. Daburon. Laissons cela, au moins pour le moment. Maintenant, vous, maître Gerdy, connaissez-vous des ennemis à la veuve Lerouge ?

— Aucun.

— Elle n’avait pas d’ennemis ? Soit. Et dites-moi, existe-t-il à votre connaissance quelqu’un ayant un intérêt quelconque à la mort de cette pauvre vieille ?