Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/354

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— Ne vous servez-vous pas d’un porte-cigare, pour éviter à vos lèvres le contact du tabac ?

— Si, monsieur, répondit Albert, assez surpris de cette série de questions.

— À quelle heure êtes-vous sorti ?

— À huit heures environ.

— Aviez-vous un parapluie ?

— Oui.

— Où êtes-vous allé ?

— Je me suis promené.

— Seul, sans but, toute la soirée ?

— Oui, monsieur.

— Alors, tracez-moi votre itinéraire bien exactement.

— Hélas ! monsieur, cela même m’est fort difficile. J’étais sorti pour sortir, pour me donner du mouvement, pour secouer la torpeur qui m’accablait depuis trois jours. Je ne sais si vous vous rendez un compte exact de ma situation : j’avais la tête perdue. J’ai marché au hasard, le long des quais, j’ai erré dans les rues…

— Tout cela est bien improbable, interrompit le juge.

M. Daburon devait pourtant savoir que cela était du moins possible. N’avait-il pas eu, lui aussi, une nuit de courses folles à travers Paris ? Qu’eût-il répondu à qui lui eût demandé, au matin : — Où êtes-vous allé ? — Je ne sais, ne le sachant pas, en effet.