Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/366

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ses lèvres, indique une hilarité atteignant son paroxysme.

— Pas d’alibi ! murmurait le bonhomme, rien, pas d’explications, un pareil coquin ! Cela ne se conçoit ni ne se peut. Pas d’alibi ! Il faut que nous nous soyons mépris : celui-ci alors ne serait pas le coupable ; ce ne peut être lui, ce n’est pas lui…

Le juge d’instruction pensa que son vieux volontaire était allé attendre l’issue de l’interrogatoire chez le marchand de vins du coin ou que sa cervelle s’était détraquée.

— Malheureusement, dit-il, nous ne nous sommes pas trompés. Il n’est que trop clairement démontré que M. de Commarin est le meurtrier. Au surplus, si cela peut vous être agréable, demandez à Constant son procès-verbal et prenez-en connaissance pendant que je remets un peu d’ordre dans mes paperasses.

— Voyons ! fit le bonhomme avec un empressement fiévreux.

Il s’assit à la place de Constant, et posant ses coudes sur la table, enfonçant ses mains dans les cheveux, en moins de rien il dévora le procès-verbal.

Quand il eut fini, il se releva effaré, pâle, la figure renversée.

— Monsieur, dit-il au juge d’une voix étranglée, je suis la cause involontaire d’un épouvantable malheur. Cet homme est innocent.