Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/427

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pensait que ses services avaient pu mériter cette faveur insigne. Il souhaitait l’entretenir sans témoins dix minutes seulement.

M. Daburon rejeta cette prière. Il déclara que pour le moment le prévenu continuerait à rester au secret le plus absolu.

En manière de consolation, il ajouta que dans trois ou quatre jours peut-être il serait possible de revenir sur cette décision, les motifs qui la déterminaient n’existant plus.

— Votre refus m’est cruel, monsieur, dit le père Tabaret, cependant je le comprends et je m’incline.

Ce fut sa seule plainte, et presque aussitôt il se retira craignant de ne plus rester maître de son irritation.

Il sentait qu’outre l’immense bonheur de sauver un innocent compromis par son imprudence il éprouverait une jouissance indicible à se venger de l’entêtement du juge.

— Trois ou quatre jours, murmurait-il, c’est-à-dire trois ou quatre siècles pour l’infortuné qui est en prison. Il en parle bien à l’aise le cher magistrat ! Il faut que d’ici là j’aie fait éclater la vérité.

Oui, trois ou quatre jours, M. Daburon n’en demandait pas davantage pour arracher un aveu à Albert, ou tout au moins pour le forcer à se départir de son système.

Le malheur de la prévention était de ne pouvoir