Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/428

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produire aucun témoin ayant aperçu le prévenu dans la soirée du mardi gras.

Une seule déposition en ce sens devait avoir une importance si capitale, que M. Daburon, dès que le père Tabaret l’eut laissé libre, tourna tous ses efforts de ce côté.

Il pouvait espérer beaucoup encore ; on était seulement au samedi, le jour du meurtre était assez remarquable pour préciser les souvenirs, et on n’avait pas eu le temps de procéder à une enquête en règle.

Cinq des plus habiles limiers de la brigade de sûreté furent dirigés sur Bougival, munis de cartes photographiées d’Albert. Ils devaient battre tout le pays entre Rueil et La Jonchère, chercher, s’informer, interroger, se livrer aux plus exactes et aux plus minutieuses investigations. Les photographies facilitaient singulièrement leur tâche. Ils avaient ordre de les montrer partout et à tous et même d’en laisser une douzaine dans le pays, puisqu’on en possédait une assez grande quantité. Il était impossible que par une soirée où il y a tant de monde dehors personne n’eût rencontré l’original du portrait, soit à la gare de Rueil, soit enfin sur un des chemins qui conduisent à La Jonchère, la grande route et le sentier du bord de l’eau.

Ces dispositions arrêtées, le juge d’instruction se rendit au Palais et envoya chercher son prévenu.