Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/455

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sage, pendant qu’elle rendait grâce à Dieu dans l’effusion de sa reconnaissance.

Le magistrat était si décontenancé qu’il oubliait d’admirer. Il attendait une explication.

— Eh bien ! demanda-t-il, n’y tenant plus.

— Monsieur, répondit Claire, si c’est là votre plus forte preuve, elle n’existe plus. Albert a passé près de moi toute la soirée que vous dites.

— Près de vous ? balbutia le juge.

— Oui, avec moi, à l’hôtel.

M. Daburon fut abasourdi. Rêvait-il ? Les bras lui tombaient.

— Quoi ! interrogea-t-il, le vicomte était chez vous, votre grand’mère, votre gouvernante, vos domestiques l’ont vu, lui ont parlé !

— Non, monsieur. Il est venu et s’est retiré en secret. Il tenait à n’être vu de personne, il voulait se trouver seul avec moi.

— Ah !… fit le juge avec un soupir de soulagement.

Il signifiait, ce soupir : « Tout s’explique. C’était aussi par trop fort. Elle veut le sauver, au risque de compromettre sa réputation. Pauvre fille ! Mais cette idée lui est-elle venue subitement ? »

Ce : « Ah ! » fut interprété bien différemment par mademoiselle d’Arlange. Elle pensa que monsieur Daburon s’étonnait qu’elle eût consenti à recevoir Albert.