Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/494

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

celle qui lui avait servi de mère, il avait pris une de ses mains et la tenait collée sur ses lèvres.

— Morte ! gémissait-il, elle est morte !

Près de lui, la religieuse et le prêtre s’étaient mis à genoux et récitaient à demi-voix les prières des morts.

Ils imploraient de Dieu, pour l’âme de la trépassée, sa paix et sa miséricorde.

Ils demandaient un peu de bonheur au ciel pour celle qui avait tant souffert sur cette terre.

Renversé sur un fauteuil, la tête en arrière, le comte de Commarin était plus défait et plus livide que cette morte, sa maîtresse, autrefois si belle.

Claire et le docteur s’empressaient autour de lui.

Il avait fallu retirer sa cravate et dénouer le col de sa chemise, il suffoquait.

Avec l’aide du vieux soldat, dont les yeux rouges et gonflés disaient la douleur comprimée, on avait roulé le fauteuil du comte près de la fenêtre entr’ouverte pour lui donner un peu d’air. Trois jours auparavant, cette scène l’aurait tué.

Mais le cœur s’endurcit au malheur comme les mains au travail.

— Les larmes l’ont sauvé, dit le docteur à l’oreille de Claire.

M. de Commarin, en effet, reprenait peu à peu ses sens, et avec la netteté de la pensée la faculté de souffrir lui revenait.