Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/502

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le juge prit ce fragment avec empressement.

C’était bien un petit morceau de gant gris.

— Vous vous êtes arrangé, je l’espère, monsieur Martin, dit M. Daburon, pour ne point éveiller l’attention dans la maison où vous avez fait cette enquête ?

— Certes, monsieur. J’ai d’abord examiné l’extérieur à mon aise. Après quoi, déposant mon chapeau chez le marchand de vins du coin, je me suis présenté chez la marquise d’Arlange, en me donnant pour l’intendant d’une duchesse du voisinage, au désespoir d’avoir laissé échapper un perroquet adoré et éloquent, si je puis employer ce terme. On m’a donné de très-bonne grâce la permission de fouiller le jardin, et comme j’ai dit le plus grand mal de ma prétendue maîtresse, on m’aura indubitablement pris pour un domestique…

— Vous êtes un homme adroit et expéditif, monsieur Martin, interrompit le juge, je suis très-satisfait de vous et je le ferai savoir à qui de droit.

Il sonna pendant que l’agent, fier des éloges reçus, gagnait la porte à reculons et courbé en arc de cercle.

Albert fut introduit.

— Vous êtes-vous décidé, monsieur, demanda sans préambule le juge d’instruction, à donner l’emploi de votre soirée de mardi ?

— Je vous l’ai donné, monsieur.