Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/503

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— Non, monsieur, non, et je regrette d’être obligé de vous dire que vous m’avez menti.

Albert, à cette injure, devint pourpre, et ses yeux étincelèrent.

— Ce que vous avez fait ce soir là, continua le juge, je le sais, parce que la justice, je vous l’ai déjà dit, n’ignore rien de ce qu’il lui importe de connaître.

Il chercha le regard d’Albert, le rencontra, et lentement dit :

— J’ai vu mademoiselle Claire d’Arlange.

À ce nom, les traits du prévenu, contractés par une ferme volonté de ne pas se laisser abattre, se détendirent.

On eût dit qu’il éprouvait une immense sensation de bien-être, comme un homme qui, par miracle, échappe à un péril imminent qu’il désespérait de conjurer.

Pourtant il ne répondit pas.

— Mademoiselle d’Arlange, reprit le magistrat, m’a dit où vous étiez mardi soir.

Albert hésitait encore.

— Je ne vous tends pas de piège, ajouta M. Daburon, je vous en donne ma parole d’honneur. Elle m’a tout dit, entendez-vous ?

Cette fois, Albert se décida à parler.

Ses explications concordaient de point en point avec celles de Claire, pas un détail de plus. Désormais le doute devenait impossible.